Exemple parfait de ce que l’Angleterre a pu pondre en matière de pop music. Savant mélange de blues rock et d’ambitions progressives, entremêlant pop et jazz dans un concert d’ingéniosité et talentueux techniquement. Deux opus dans un délai très court, entre 69 et 70, sur Transatlantic, label au combien intéressant autant dans l’éthique que dans l’originalité, pour deux merveilles progressives, dominés par l’orgue Hammond, sans que celui-ci ne soit si ennuyeux que ceux de Keith Emerson ou Brian Auger.
Tout commence à la fin des années 60, sous l’impulsion du claviériste Tim Hinkley, qui s’inspirant d’un vieil air d’Horace Silver, décide de former avec ses comparses un groupe pop au nom de Jody Grind dans la banlieue londonienne. Très vite, les influences jazz ressortent des premières sessions, et quand le groupe signe pour Transatlantic en 69, l’évidence s’impose. Le combo a besoin de liberté créatrice et d’improvisations. Ce qu’il réussit à la perfection sur la suite de plus de 18minutes qu’il gravera sur son premier opus, One Step On. Mixant leurs influences bluesy aux tribulations jazzistique, dans un magma sonore au combien maîtrisé, et revisitant étonnamment un standard comme Paint It Black. Si parfois on frôle la boulimie d’arrangement, le combo s’en sort grâce à un swing jamais négligé et une volonté de taper là où il faut. One Step On est une vrai réussite progressive au sens du gros mot que cela peut occasionner parfois.
Un an après, et malgré le peu de succès, Transatlantic leur permet d’engendrer un second Lp, Far Canal, beaucoup plus rock dans l’âme, où le claviers et les lames de fuzz du guitariste se livre à un duel d’anthologie tout au long de ce somptueux album. Sans doute moins spontané que le premier, Far Canal est du coup plus ambitieux, ouvrant sur un folk mélancolique avant de s’aventurer sur les chemins tortueux d’un progressisme assumé. Malheureusement, Far Canal comme One Step On ne bénéficient pas de la même aura journalistique qu’un mauvais Tarkus ou Tales Topographic Oceans. Le groupe se sépare rapidement, et seul Tim Hinkley, véritable leader de Jody Grind, continuera avec réussite dans la musique, jouant les sessions man au sein de projets comme Snafu, Bad Company et même Thin Lizzy, et plus glorieux accompagnera sur certains projets les Stones, les Who, Georges Harrison, Van Morisson, Johnny Hallyday, Alvin Lee et Humble Pie. Cherchez l’erreur! A découvrir d’urgence!
Lien pour écouter Far Canal
http://1970rocks.blogspot.com/2009/07/jogrind70.html